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Un conte de fées avec une ou deux scenes de cul au milieu
23 juin 2015

DANS LEQUEL JE DOIS DEVENIR PSYCHOPATHE POUR ETRE INTERESSANT

Pour devenir écrivain, il faut commencer par écrire. Bon. Et si je n'étais pas intéressant ? Julie, la femme de Marc, me dit que je suis intéressant. Elle me dit aussi que je suis sexy. Elle est sympa, mais elle me dit tout ça pour me remonter le moral. Enfin je crois. Parfois, quand je discute un peu longtemps avec elle, je me prends à envier Marc et la complicité qu'il partage avec elle. Elle est mignonne. Enfin normale, mais pas moche. Elle manque un peu de seins. Surtout elle est marrante. Et je crois qu'elle m'aime bien. Comme je l'aime bien. Sauf que je ne m'appelle pas Olivier et que j'aime bien Marc. C'est un ami. Donc, il ne se passera jamais rien entre elle et moi.

Des fois, on se prend à rêver tous les deux en papotant par messagerie électronique. On partirait en vacances ensembles. En bateau. Quelque part. N'importe où. Mais au soleil. On s'amuserait, rien ne porterait à conséquence, et en rentrant on resterait les meilleurs amis du monde. On se prend à rêver. Je crois que ce n'est pas tant elle qui me plaît que la complicité qu'elle parvient à entretenir avec Marc. Pourtant je ne peux pas dire non plus que je les envie parce que ma vie de célibataire, maintenant, me plaît. Ce que je n'aime pas c'est être seul. Je sors presque tous les soirs. "Une gonzesse de perdue c'est dix copains qui reviennent" chantait Renaud. Il n’avait pas tort. Sauf que dix copains, ça ne remplace pas vraiment une gonzesse.

Ma vie me fait penser au téléfilm de 13h40 sur M6 : Paul est le champion de l'équipe de foot de son université, toutes les filles sont folles de lui et puis il a un accident et se retrouve dans un fauteuil roulant. La chef des pom-poms girls, Manon, qui sortait avec lui, le laisse tomber parce qu'il se plaint tout le temps et parce que le meilleur ami de Paul, Olivier, également membre de l’équipe, mais remplaçant de Paul la console pendant qu'il est à l’hôpital. Avec l'aide de son éducateur (plutôt Guy Roux que Miss Monde) Paul finit par vaincre son handicap et participe aux jeux paraolympiques. Le voilà revenu au top. Manon revient car Olivier est en fait un coureur de jupons invétéré : pendant qu'elle s'occupe de leurs 12 enfants, il couche avec ses meilleures amies. Alors que tout est pour le mieux et que Paul se rend à la finale des jeux qu'il va très sûrement remporter, que Manon l'attend dans les gradins, il traverse la rue et se fait rouler dessus par un quatre/quatre ! Et le générique de nous annoncer que "ce téléfilm repose sur des faits réels" et que "x millions de personnes sont tuées chaque jour dans le monde en traversant la rue sans regarder".

D'accord : je dramatise un peu. J'ai toujours dramatisé. Un peu. Je voudrais vivre ma vie comme un film. Mais de préférence un James Bond, je me contenterais même d'Austin Powers, mais pas le téléfilm de 13h40 sur M6 !

Si je ne dramatise pas, j’ai le sentiment que je ne suis pas intéressant. C'est d'ailleurs mon problème avec les filles : je ne suis pas intéressant. Je n'ai pas un physique de rêve. Si je suis parfaitement honnête, je ne suis pas moche, mais personne ne me demandera jamais de poser dans le calendrier des Dieux du Stade (je me demande si quelqu'un leur a déjà dit de faire attention en traversant la rue à ceux-là...). J'ai un tout petit peu de culture. Mais c'est de la culture qui n'intéresse personne. Julie par exemple, elle est capable de réciter des morceaux entiers de l’œuvre "littéraire" du Marquis de Sade par cœur. Pour animer une soirée, c'est quand même plus marrant que de parler du développement des technologies plasmatiques. En même temps, si je récitais des extraits des Infortunes de la Vertu aux filles que je rencontre, elles me prendraient pour un psychopathe et fuiraient. Vaut-il mieux être pris pour un psychopathe ou pour un type très ennuyeux ? Et surtout si j'en trouve une qui ne fuit pas, dois-je m'inquiéter de la voir vêtue de cuir et de latex des pieds à la tête ? Et dois-je fuir avant ou après qu'elle m'ait demandé de lécher le talon de ses bottes en simili-skaï ?

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